Le monde du tricotage est en pleine révolution grâce à la technologie du tricotage en 3D, qui permet de tricoter un pull en une seule pièce, sans besoin d’aucune couture pour assembler les manches, le col, etc.
Au-delà du côté « high-tech » de ces automates numérique, le progrès énorme qu’apporte cette technologie en termes d’impact écologique vient de la quasi-suppression des déchets industriels, en particulier des déchets de coupe.
Que sont les déchets de coupe ? Pour comprendre, voici une petite explication des 3 grandes méthodes pour construire un vêtement tricoté :
La maille coupée/cousue, le tricotage en forme ou « fully fashioned » en anglais et le tricotage intégral ou tricotage 3D ou « Whole Garment » en anglais.
La maille coupée cousue consiste à travailler à partir de rectangles ou de rouleaux de maille tricotée le plus souvent sur des métiers à tricoter circulaires. Cette technique très productive permet de tricoter plusieurs dizaines de fils à la fois et peut fabriquer, selon le type de maille, jusqu’à plus de 5 mètres carrés par minute, plus de 100 fois plus qu’un métier à tricoter rectiligne !
Ensuite, les pièces du patron sont coupées selon leur forme, soit à la main, soit sur des automates numériques, également très productifs, avant d’être cousues ensemble pour former le vêtement.
Lors de la coupe, la forme du patronage oblige à laisser des espaces entre les pièces.
Ces pertes sont généralement de l’ordre de 10 % à 20 % sur de la maille unie avec pièces de petites tailles ou dont les formes sont étudiées pour améliorer le placement, mais sur certains patrons avec de grandes pièces de formes complexe , ou s’il faut ajouter des contraintes particulières de placement (par exemple lorsqu’il y a des motifs comme des rayures qui doivent être alignées selon les pièces, etc.), le taux de matière perdue peut monter en flèche et dépasser 50 %. La moyenne est généralement de l’ordre de 30 %.
Le tricotage « en pièces » ou « Fully Fashioned » en Anglais, consiste à tricoter sur des métiers rectilignes chaque pièce du patronage séparément, dans sa forme exacte. Ensuite, ces pièces sont vaporisées pour prendre leur dimension définitive, avant d’être assemblées pour former le vêtement. Cet assemblage peut être une couture, ou bien, sur les pièces plus haut de gamme, un remaillage qui consiste à assembler les mailles une à une avec un fil comme si les pièces avaient été tricotées en un seul tenant.
Cette technique supprime la coupe des tissus, et ne laisse qu’une perte nettement plus limitée à chaque panneau.
Cependant, les coutures obligent à tricoter chaque pièce un peu plus grande pour laisser la place des coutures. Même si elle n’est pas coupée puisqu’elle reste sur le vêtement, cette petite sur-épaisseur de part-et-d’autre de chaque couture peut être considérée comme une perte, puisqu’elle n’a pas d’utilité fonctionnelle. On peut estimer autour de 10 % le cumul des petites pertes inévitables à chaque panneau (fils de début et fin, parfois plusieurs rangs de démarrage) et les valeurs de couture à rajouter de part et d’autre de chaque couture
Le tricotage intégral ou tricotage 3D ou technologie « whole garment » en Anglais, apparu beaucoup plus récemment consiste à tricoter le vêtement en une seule fois, sur un métier rectiligne disposant de suffisamment de rangées d’aiguilles, dont chacune est pilotée individuellement par un automate numérique, pour permettre de tricoter simultanément le devant, le dos, les manches, le col, les bord-côte, etc.
Le vêtement sort ainsi du métier totalement assemblé sans qu’aucune couture ne soit nécessaire et sans aucune surépaisseur au niveau des « jonctions » entre les pièces. Les seules pertes de matière sont les extrémités des fils, et les quelques rangs de démarrage au début du tricotage, que l’on peut estimer de 1 % à 3 % selon les modèles.
Cette technologie permet aussi d’éviter l’étape du vaporisage, particulièrement énergivore, de chaque pièce avant assemblage pour ne conserver qu’un lavage du produit fini avant la pose des étiquettes (seule opération de couture restante) et le conditionnement final.
Entre l’économie de matière première et l’économie d’énergie du vaporisage, le tricotage 3D permet de diminuer très fortement l’impact écologique de la fabrication de pulls. Si on l’associe à une démarche d’écoconception pour augmenter la durée de vie des pulls, à une utilisation d’une énergie moins carbonée en relocalisant en France et à un choix de fils écoresponsables, par exemple en laine recyclée, on peut diviser l’impact de nos pulls par plus de 10 !